Tuesday, October 2, 2007

Mylène Catel

née en 1966,en Normandie (France).

Maîtrise d'Anglais,Masters et PH.D en Français.Vit actuellement aux
Etats-Unis ( Michigan )où elle enseigne la littérature française à l'Université.
A publié jusqu'ici deux recueils de poèmes :
- " Le Jongleur Fou " ( 1995 ),Paris,Editions Caractères
- " JC " ( 1996 ) : même éditeur.

Publications en revue et sur l'Internet ( sites francophones et anglophones ).
Elle déclare : " Je n'ai pas choisi la poésie,elle s'est imposée.Je devais écrire...

Une grande tache,une grande larme toujours renouvelée,un grand doute en som-
me,une grande foi . "

Nécessité,engagement,authenticité : tels sont les trois mots-clés par lesquels
on pourrait tenter de définir le rapport de Mylène Catel à l'expérience poétique.
Pour Mylène,la poésie est une avec la Vie.

Ombre
_____

Aux pieds de votre Ombre en sursis
mon corps vite tombe se rappelle et soupire
Dieu faites-moi voir par-dela l'ignorance
la peur l'illusion la démence
le coeur noyau qui en tous brille
grain plus pur de Votre foi
mon âme veut y boire
sans lendemains
un genou à terre
les doigts recueillis
en poing
oiseau
flamme
de
la
paume
croyante
qui cache le mystère
pour faire agir la plume

Assise
_____

Assise sur l'arbre des suicidés
j'attends mon Dieu
la lune a un sourire de chat
les portes sont pleines de coups
les âmes s'échangent tout bas
pendant que j'attends l'Amour
mon Dieu m'a convoquée
sur le tronc je L'attends
nuit noire lune folle
traffic de portes
où je vais finir
où mon âme surgit

l'Amour
_____

bras plus étendus
mains retenant le vase
tête bouchon rompu
l'Amour y déferle

de versants en versants
d'un côté et de l'autre
nous offrons notre main
en nous tenant le coeur

les âmes se rejoignent
en une flamme pure
et brûlent jusqu'à Dieu
en qui tout se confond

L'ampleur de mon mal
_________

mon Dieu me fait comprendre
l'ampleur de mon mal
entre moi la faille fatale
ou j'échange mon âme
où mon corps ce vertige
s'accroche à des échardes
mon Dieu me fait saisir
la nature de mon être
tête contre tête
dos contre dos
coudes contre coudes
je suis assise à l'autre
qui me double dans la nuit
l'ombre le miroir
alors le front colle
contre la fenêtre
je regarde de l'autre côté
une vitre banale
et je vois une grande bête
qui me regarde
duel
l'ampleur de mon mal

Chant Croisé
_________

le premier segment est
le plus impulsif
le plus imprévu peut-être
or plus pur que les frontières
toujours à la lisière
du futur
chant croisé
sans soutien autre
que son être propre
souvent retenu
toujours à refaire
photo ratée montage
quand grimpe le cri de pierre
la dernière brique calme l'agonie
du Livre
caresse des paupières
synecdoques glissées
dans les coulisses
les pages latentes
origami de l'âme
une plume

Lumière
_____

corps plus pur que les fontaines
éclaboussées d'oiseaux
couloirs perdus seuils intérieurs
nuit d'avalanche et chenilles au coeur
ne me retirez pas la lumière

corps si pur arraché aux limbes
langue de roc arrosée de soleil
ballottée entre l'eau et le germe
plus dur à récolter que l'été
ne me retirez pas la lumière

c'est elle qui me porte
c'est elle qui me pousse
c'est elle qui m'exprime

ne me retirez pas la lumière

Amour
___

Bouche graciée
par l'Amour
séparée par
la vitre
dans le matin
fendu qui
pousse
coulée
de l'univers
horizon toujours
à refaire
encre
du grand
Livre blanc

La Prière Automatique
_________

le saxophone suinte à lentes coulées
moinillon je raccorde les corps blessés
de lentes et longues cordées de lettres
qui naissent à contre - jour sans le vouloir
peut-être et s'alignent sagement dans l'ordre
le chant qui s'
évapore condense ces lueurs
pause
mon coeur est un vaste regret
indélébile
où le souffle manque parfois
mais le pli intermédiaire de cette lettre
forme un croisement entre mon Dieu
et moi
crayon tu croises à la verticale
des prières venues d'un autre temps
pli tu retiens le crayon qu'il ne
se perde
dans les dédales de sa mémoire
or il faut éviter l'impatience
mais quand se rapproche l'aurore
le stylo se raccroche aux lenteurs
des mots
pause avant le pli de cette montagne
rayée de cachets
oui sous cette frontière étrange
naîtra l'amont

Textes extraits de " Petites Pierres "